Après avoir fait divers métiers, à 32 ans, j’ai fait le choix d’être berger. Parcourant les massifs français, je partage mon état d’esprit et livre les motivations qui m’ont poussé à choisir ce que je qualifie plutôt de vocation sur mes réseaux sociaux. Présent sur Facebook avec 45k abonnés mais aussi sur Instagram avec plus de 5000 followers sous le pseudo « Carnet de berger », je suis aujourd’hui connu comme « le berger du numérique ».
Berger salarié saisonnier, engagé dans la promotion européenne de l’année internationale du pastoralisme et des parcours promulguée par la FAO pour 2026, j’ai également fondé une agence pastorale afin d’accompagner les projets de développements agro-pastoraux internationaux et partager mon savoir.
Les terrains de parcours et le pastoralisme sont associés à une pluralité d’écosystèmes, de cultures, d’identités et de connaissances traditionnelles et à une longue expérience de coexistence avec la nature. Le pâturage extensif soutient les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire de millions de personnes dans le monde, et cela n’est pas vrai uniquement pour les éleveurs pastoraux, mais se vérifie aussi pour d’autres communautés via la préservation de la biodiversité, la rétention de carbone et la fourniture d’eau potable. Les éleveurs pastoraux exploitent au mieux un environnement variable en adoptant des stratégies de mobilité saisonnière.
Si l’ensemble des acteurs se concentrent sur les savoirs-faire, il manque un objectif clef pour les éleveurs pastoraux : le faire savoir.
Les systèmes agro-pastoraux et ses acteurs sont un ensemble contenu à travers une culture pastorale partagée. Comme tout système communautaire, ils doivent leur existence à l’usage socio-économique qu’il en est fait. Nous vivons désormais dans un monde digitalisé qu’on ne peut ignorer. L’impact du digital sur les activités humaines est considérable : les services et produits existants sont repensés et simplifiés par les apports du numérique tandis que de nouvelles offres apparaissent. A cela, s’ajoutent les conséquences de la crise sanitaire mondiale sur les modes de consommation touristique. « Les gens ne veulent pas seulement faire de la contemplation, ils souhaitent une interaction humaine ».
De même que le mouvement de la « slow food » promeut une alimentation locale, variée, vertueuse et éco-responsable, le « slow tourisme », loin du tourisme de masse, est une nouvelle tendance du secteur touristique, qui favorise l’économie locale et la protection de l’environnement. Le pastoralisme nomade et semi-nomade et les produits qui en sont issus sont à la croisé des chemins. Véritable rétro-innovation face aux enjeux du changement climatique, la pratique nécessite de faire face à l’exode rural de la jeunesse vers les villes en quête d’un meilleur revenu et de conditions de vie plus modernes. La combinaison entre maintien du nomadisme, présence digitale de ses acteurs et vente des produits grâce à une nouvelle tendance du secteur touristique pour un tourisme plus vertueux, tourner vers l’autre, est une opportunité pour les communautés pastorales nomades et semi-nomades.
Aborder le pastoralisme à travers le digital, le slow tourisme et la slow food permet une approche transdisciplinaire loin des fonctionnements en silo qui cloisonne la pratique. Entre le classement de la transhumance au Patrimoine Immatériel de la Culture depuis juin 2020 en France et l’année internationale du pastoralisme en 2026, la culture pastorale devient un enjeux de développement durable pour l’élevage dans le monde.
L’aventure Nuffield est une opportunité de saisir à travers le monde, des systèmes agro-pastoraux résiliants tout en reliant des pratiques ancestrales à un futur proche. Elles passeront par une adaptation et un usage différent des outils numériques.