Agricultrice au coeur de l’Aveyron, j’ai repris l’exploitation familiale en ovin lait filière AOP Roquefort.
D’une agriculture productiviste d’après guerre, certaines pratiques et savoir-faire ont été à tort oubliés. Force est de constater que certaines denrées naturelles comme la laine de nos brebis ne sont plus valorisées. Depuis plusieurs années déjà, le prix d’achat de la laine ne couvrait pas les frais de la tonte. En 2020, lors de mon installation s’est invitée la crise sanitaire et les ballots de laine se sont entassés au fond de la grange. Le confinement a sonné le glas de cette collecte par l’interruption de l’exportation de la laine, principalement vers la Chine.
Ma réflexion est donc partie d’un simple constat : Valoriser la laine de mes brebis Lacaune.
A l’avenir, la laine pourrait occuper une place importante dans des débouchés rémunérateurs. Le contexte économique agricole actuel nous impose d’évoluer vers toujours plus de résilience. Le monde agricole de demain doit se tourner vers des techniques plus respectueuses de l’environnement. La laine des brebis Lacaune semble être un produit qui répond à ces enjeux. En effet, c’est
une ressource naturelle, annuelle et locale qui présente de nombreuses qualités insoupçonnées. C’est un produit avec une valeur fertilisante intéressante, non toxique, avec un fort pouvoir de rétention d’eau et un bon isolant. Des dynamiques autour d’une valorisation textile émergent en France mais d’autres débouchés sont également possibles.
Aujourd’hui plus de 600 000 brebis laitières sont présentes sur le rayon Roquefort avec une production d’environ 1kg de laine par brebis et par an. Soit un total de plus de 600T de laine de brebis laitières valorisable sur ce petit territoire. Cette étude a pour but de trouver et présenter des usages innovants autour de la valorisation de la laine. De nombreux débouchés sont en cours d’expérimentation en France et à travers le monde avec par exemple le compostage, la fabrication d’engrais, l’isolation ou encore la substitution de plastiques. Ces différentes solutions s’inscrivent parfaitement dans la gestion à faible empreinte environnementale de nos exploitations.
L’obtention de cette bourse est l’occasion de rencontrer des acteurs qui innovent et cherchent à valoriser la laine de brebis. L’appui du réseau Nuffield me permettra d’acquérir de nouvelles connaissances sur ce sujet, de découvrir les initiatives potentielles en France et à l’étranger et conforter ainsi les projets déjà à l’étude.